IP s’est imposé comme un standard de la convergence voix / données. Le marché du « sans-fil » professionnel s’apprête à vivre une révolution similaire. En effet, différentes technologies de mobilité cohabitent, plus ou moins matures, plus ou moins économiques, plus ou moins avant-gardistes.
- Voix, sur DECT,
- Wifi,
- Wimax,
- Bluetooth,
- GSM.
Comment faire la part des choses entre le discours marketing et la « vraie vie » ?
Quelle technologie l’emportera demain et pour quels types d’utilisations ?
Le besoin de technologies de mobilité est étroitement lié à la structure des entreprises, avec des équipes de commerciaux itinérants, les services de support et d’intervention terrain, les flottes de véhicules, les activités de service… Cet effet, couplée aux besoins et contraintes environnementales, est progressivement prise en compte par les technologies. La motivation principale dans ce secteur technologique, peut s’appliquer à la majorité des projets informatiques :
- Une baisse du prix des équipements et appareils,
- Le besoin accru de flexibilité et de réactivité,
- La recherche de gains de productivité,
- Une multiplication des canaux de communication.
L’intégration de la téléphonie et des réseaux sans fil fait plus que compléter l’offre de connexion par accès distant. A l’image de l’extension de la couverture de la téléphonie mobile qui a considérablement contribué à la création de services associés.
La combinaison de ces différents effets est à l’origine d’un mouvement de fond vers la mobilité.
Si IP semble se montrer aussi « Darwinien » en matière de téléphonie fixe que mobile, on note parallèlement une évolution des usages et une disparition des frontières traditionnelles entre mobilité sur site et mobilité hors site.
Dans un monde télécoms et réseaux de plus en plus convergents, la voix devient une simple application parmi d’autres applications IT.
Peu de projets « mobilité » sont conçus et mis en œuvre de manière indépendante et isolée du reste du système d’information de l’entreprise. Dans la majorité des cas, l’élément déclencheur de ce type de projet est la volonté de rendre mobiles un certain nombre d’applications et de fonctions déjà en place dans le système d’information de l’entreprise.
Nous allons évaluer ensemble les différents choix possibles pour la mise en œuvre de la « voix mobile » dans un environnement professionnel.
Voix sur BLUETOOTH
Dans l’entreprise, le transport de la voix sur Bluetooth s’est limité à la téléphonie individuelle et plus particulièrement à la péritéléphonie. Casques et combinés Bluetooth qui fleurissent dans les open-spaces sont les exemples les plus courants d’utilisation de cette technologie, associée à la téléphonie d’entreprise. Le périmètre d’utilisation de ces équipements reste limité à l’environnement immédiat du terminal, quelques mètres. Les bénéfices en termes d’usage sont donc centrés sur une plus grande commodité d’utilisation des postes:
- Finis les cordons téléphoniques qui s’entortillent, grâce à la magie des combinés Bluetooth,
- Oubliées les douleurs au cou et les « téléphones elbo » en fin de journée grâce au miracle des oreillettes Bluetooth.
Le débit réel étant relativement faible, le rôle principal du Bluetooth est d’interconnecter différents appareils IT, afin d’échanger ou synchroniser des données.
En matière de téléphonie, l’utilisation du Bluetooth reste pour l’instant périphérique.
Voix sur DECT (Digital Enhanced Cordless Telecommunication)
Depuis les années 90, la technologie DECT s’est imposée, en Europe, Afrique et Asie, en ce qui concerne les solutions de téléphonie sans fil professionnelles et grand public. De nos jours, cette technologie est bien maîtrisée et reconnue par tous comme très fiable. Les terminaux et systèmes DECT sont largement répandus sur le marché, aussi bien dans le grand public que dans les entreprises, administrations et collectivités locales. Les mécanismes de « hand over » et « roaming » sont bien rodés et la couverture radio optimale.
Le DECT est particulièrement bien adapté à certains environnements professionnels exigeants ou sensibles comme les hôpitaux ou les industries critiques, nécessitant des terminaux adaptés ou durcis (milieux explosifs, déflagrants, poussiéreux, humides, rustiques etc…). Aujourd’hui encore, seul le DECT permet de proposer des postes conformes aux normes industrielles telles qu’ATEX. De même les terminaux disponibles à ce jour, en matière de mobilité critique PTI (Protection de travailleurs isolés), sont en grandes parties des postes DECT DATI, mais nous sommes à l’ores d’une émergence de cette technologie sur des mobiles wireless.
En termes économiques les infrastructures et terminaux DECT ainsi que leur déploiement restent environ 20 à 30 % moins chers que leurs homologues en Wifi.
Néanmoins, cette technologie n’a pas été adoptée partout dans le monde, elle n’offre pas le support d’applications IP (ex : interactivité de type XML, Applets Java, Push d’application bureautique,…).
Les USA par exemple ont choisi la voie (sans issue ?) du PWT . Mais surtout, depuis quelques années, le périmètre de la mobilité a changé. L’impact d’IP sur le monde fermé de la téléphonie d’entreprise, a bousculé les habitudes. Il s’agit désormais de prendre en compte la convergence des différents médias (voix, données, images) et les contraintes de performances, de sécurité, de disponibilité et d’exploitation.
Les différents acteurs semblaient s'être mis d’accord sur un certain nombre de standards. Depuis 4 ou 5 ans, les offres WLAN (Wireless LAN) à la norme Wifi (802.11) commencent à challenger sérieusement le DECT pour la voix, de la même façon que la TOIP concurrence la téléphonie traditionnelle (TDM).
C'était sans compter sur le renouveau du DECT au travers de solution de type DECT IP. Pourquoi le DECT ferait son come-back me direz vous ? Deux facteurs à cela.
- Dabord les différents problèmes liés au wifi dans un environnement VoIP (durée de vie de la batterie, hand-over, pénétration et couverture radio plus aléattire);
- L'évolution technologique des bornes DECT-IP qui d'un coté assure l'association de mobile DECT, propriétaire ou GAP, mais dans la majorité des cas existant, avec tout les avantages que cela pour comporter : assurant la résolution des problèmes listés précédemment et de l'autre un attachement sur le réseau Ethernet avec une patte IP qui rend cette solution entièrement compatible avec les architectures proposées sur la marché d'aujourd'hui tout en conservant l'évolutivité nécessaire que tout un chacun attend lors qu'il se lance dans le recâblage de son site.
Voix sur WIFI
Depuis 3 ou 5 ans, le phénomène de convergence s’applique aussi aux solutions de mobilité sur site. Les entreprises qui optent pour des solutions de téléphonie 100% IP adoptent le plus souvent le Wifi pour répondre à leurs besoins en matière de mobilité voix et données, mais rarement pour faire uniquement de la voix. C’est particulièrement vrai dans les cas de créations d’entreprises ou lors de déménagements. Cela n’est pas sans conséquence en matière d’équipement devant supporter les deux segments de marché VoWlan (Voice Over Wireless Lan) et DoWlan (Data Over Wireless lan). Il est nécessaire de segmenter lesdits réseaux, d’assurer la priorisation du flux Voix, le réserver une bande passante pour ces flux voix. Cela peut être mis en exploitation au travers d’une infrastructure dédié qui passe par la mise en œuvre d’un support 802.11a pour ce qui est des mobiles VoWlan et une infrastructure 802.11b/g pour les flux data. Il s’agit bien évidemment ici de mutualiser l’infrastructure pour servir voix et données, donc de disposer d’un équipement à même d’offrir le support des deux plages de fréquence 802.11b/g en 2,4 Ghz et 802.11a en 5 Ghz et cela simultanément. Rappelons que l’on dispose de 3 canaux 54 Mbps en 802.11b/g et de 8 canaux 54 Mbps en 802.11a ce qui permet de d’offrir dans une bande passante relativement importante : 594 Mbps. L’approbation début 2007 du standard 802.11n par l’IEEE a sûrement assit la suprématie du wireless comme solution de communication interne à l’entreprise avec des débits de 300 Mbps se rapprochant de plus en plus de ce que l’on dispose actuellement au poste de travail sur les réseaux filaires.
L’intérêt économique semble logique : éviter d’investir dans plusieurs infrastructures et limiter ainsi les coûts (matériels, déploiement, maintenance, exploitation). Mais, en réalité, il dépend du contexte environnemental de l’entreprise et de l’existant.
Par exemple, pour la couverture, en terme de performance pure, la portée constatée entre postes et borne Wifi n’est pas aussi optimale qu’en DECT (jusqu’à 3 fois moindres). De plus, on ne peut plus se contenter de mesurer des portées théoriques, il faut prendre en compte l’ensemble du trafic voix et données en terme de bande passante et de fréquentation. La normalisation du VoWlan « 802.11e » a permis de défini le nombre de mobiles pouvant s’associer simultanément, mais déjà on parle de 7 à 9 communications simultanées par borne d’accès radio. Cela rend les études de couverture plus délicates. Certains logiciels du marché permettent d’estimer l’architecture idoine en fonction de la configuration de l’entreprise et de paramètres théoriques, mais il existe une marge d’erreur.
L’offre de terminaux Wifi s’étoffe régulièrement. Certains postes, tels que ceux de Spectralink ou autres fonctionnent indépendamment de l’infrastructure et des marques d’IPBX (Alcatel, Cisco, …) mais au détriment de fonctionnalités avancées que chacun des équipementiers a implémenté en sus sur son infrastructure de communication.
Désormais, le niveau de service des terminaux Wifi professionnels est quasi identique à celui des postes DECT, même si ceux-ci restent 30 % plus chers que leurs homologues en DECT) et que leur autonomie est moitié moindre. Déjà certains constructeurs d’IPBX et éditeurs d’applicatifs offrent une couche de service à valeur ajoutée au-dessus des standards. Ainsi, on commence à voir émerger des terminaux Wifi proposant des Web services (XML) ou du multimédia (messagerie unifiée, accès à Internet, image…).
L’enjeu essentiel à prendre en compte est celui de la sécurité. Elle recouvre un ensemble de points :
- L’identification des binômes d’association radio,
- Le cryptage des flux dans les connexions inter sites,
- La protection des virus et vers réseau,
- La surveillance de session d’interception,
- Le War-driving et attaques ad hoc,
- Le contrôle d’accès par authentification 802.1x,
- ../..
Certains DSI redoutent encore les failles de sécurité provoquées par une infrastructure Wifi mal maîtrisée. Les insuffisances de standards tels que WEP, évoquées largement dans la presse, y sont sans doute pour beaucoup.
Depuis les standards et solutions de sécurité ont évolué pour devenir plus satisfaisants, avec notamment l’avènement de l’AES-802.11i :
- sécurisation des flux par cryptage fort 256 Bits couplée à une authentification Raduis-802.1x,
- la notion de « site survey » offrant une surveillance et une détection de borne pirate « Rogue AP ».
Cette préoccupation ne doit donc plus être un point bloquant.
Pour finir, le Wifi est aussi largement utilisé en matière d’interconnexion de sites.Les solutions de ponts Wifi sur la bande de fréquence 2.4 Ghz sont venues concurrencer efficacement les Faisceaux hertziens. La voix y est transportée comme les données avec la QoS adaptée. On fait ici de la voix sur IP sur lien privé. Pour cet usage, le Wimax est récemment venu, à son tour, challenger le Wifi. La mort du Wifi est-elle donc déjà annoncée ? Non, il y aura une association entre les deux technologies en fonction des zones de couverture intra-société et inter-société permettant d’offrir la technologie adéquate suivant des tests de surveillance et de validation d’utilisation de plan de fréquence.
Voix sur WIMAX
Rarement une technologie comme le Wimax n’a reçu une telle publicité dans les médias. Sans vouloir refaire l’historique du Wimax (802.16), on peut rappeler que le Wimax est d’abord une technologie hertzienne de transmission de données à haut débit. Elle permet notamment de surfer sur Internet à haut débit, de téléphoner (ToIP) ou encore d’interconnecter des réseaux d’entreprise. En terme d’usage, le Wimax sert principalement aujourd’hui aux opérateurs et aux collectivités locales pour désenclaver certaines zones rurales, pour offrir une alternative aux accès ADSL filaires (les annonces de réalisations faites par Altitude Télécoms en sont un excellent exemple). Ce sera aussi une alternative crédible aux Hot spots Wifi élargis (emmener son modem Wimax avec soi et donc se connecter de n’importe où par exemple). Enfin, ce sera demain, une alternative ou un complément au GSM, fournissant une connexion très haut débit sur un mode itinérant (connexion d’un PDA communicant, un PC portable ou une console de jeux portable par exemple).
En matière de téléphonie, il n’existe pas de terminaux Wimax, même si certains constructeurs tels que Motorola y avaient réfléchissent courant 2007-2008.
Aujourd’hui, l’usage principal du Wimax reste donc l’établissement des liaisons point à point ou point vers multipoints (trunking). Son utilisation sur la plage de fréquence 3.5 GHZ est soumise à licence auprès de l’ARCEP. Il faut donc être opérateur pour l’utiliser. Une alternative s’offre néanmoins aux autres prestataires de service tels que les intégrateurs pour offrir à leurs clients, des services et une technologie comparables à prix accessibles : le « Pre-Wimax », utilisant la fréquence des 5.4 GHZ. On parle ici abusivement de Wimax, car on est en réalité dans la bande de fréquence attribuée récemment au Wireless - 802.11a. Les performances sont comparables aux Wimax, si on en croit les constructeurs comme l’Israélien Alvarion. Le Wifi n’est donc pas mort, en tout cas pas dans l’immédiat.
Voix sur GSM
Téléphoner sur un GSM n’est évidemment pas une nouveauté. Ce qui est nouveau, c’est l’intégration du GSM, des Smartphones et des PDA communicants dans la communication d’entreprise.
Les applications de type Cellular Extension commencent à arriver sur le marché (via Alcatel, Avaya, Cisco et Nortel par exemple). Il s’agit ici d’accéder aux applications de téléphonie d’entreprise (transfert, renvoi, va et vient, conférence, appel par le nom…) et de communication unifiée (messageries, assistant personnel, agenda, softphone, travail collaboratif, gestion de présence) à partir d’un simple cellulaire. Ce type de solution couplée à des passerelles GSM et à des forfaits opérateurs VPN flottes, peut même, dans certains cas constituer une alternative économiquement crédible aux téléphones Wifi et au DECT (sites campus, mines, réseaux de micro agences, chantiers…).
La nouveauté depuis 2006, fortement amplifiée ces dernières années, est la sortie de terminaux multi modes, tels que ceux de Nokia, HP, QTEK, Microsoft, HPC, ASUS, APPLE par exemple. Ces terminaux ONT faire leurs apparitions sur le marché, et offrent une compatibilité SIP ce qui les met d’ores et déjà compétitif. Reste à leur associer une appliance Java propriétaire comme le fait Alcatel avec son soft « MyIC PHONE» qui offre le couplage d’un terminal filaire à un terminal mobile et l’on dispose d’un terminal communiquant s’associant indifféremment à une infrastructure WiFi, qu’elle soit intérieure ou extérieure (Hot Spot, Entreprise, Résidentielle) ou de type GSM/UMTS, avec une même ergonomie et quasiment le même niveau de services. Le basculement d’une technologie vers l’autre peut même se faire automatiquement si vous sortez de la zone de couverture.
Enfin, de retour chez vous, vous pourrez utiliser ce terminal multi mode sur l’accès Wifi de votre boîtier multimédia (type Freebox, 9Box, LiveBox, …) pour surfer ou téléphoner. La convergence voix et données arrivera donc ici jusque dans le terminal personnel. Cela nécessitera naturellement une intégration maîtrisée dans la politique de sécurité de l’entreprise.
Conclusion
Les technologies et solutions de mobilité voix vont continuer à coexister dans un environnement multimédia. Il n’y a pas de martingale technologique. Le contexte de l’entreprise, les usages et le profil de chaque utilisateur permettront de choisir la technologie adaptée en fonction de l’environnement existant (3G, UMTS, EDGE, WiFi, et pourquoi pas WiMAX). L’IP s’imposera comme dénominateur commun à chacune de ces solutions. Dans cet esprit, nous estimons que la grande révolution viendra des terminaux multi protocoles (GSM + Wifi par exemple) intégrés à la téléphonie d’entreprise, qui vont permettre d’éliminer les frontières géographiques de l’établissement et changer radicalement la façon de travailler.
L’accompagnement de la mise en place de ce type de projet et la mise en œuvre de processus d’exploitation performants sont la clé de réussite de ce type de projet.
Les frontières entre mobilité sur site et hors site vont disparaître, on est déjà dans le contexte de « l’HomoSIPiens », un genre d’humanoïde multimédia équipé du tout dernier terminal regroupant l’ensemble des moyens de communication cités ci-dessus. Ces terminaux utiliseront alternativement plusieurs technologies en fonction de l’environnement. L’avenir est à la « techno-diversité » et à l’entreprise sans frontière.